Observatoires
21 janvier 2025

Comment préparer au mieux les entreprises, les salariés et les territoires aux mutations économiques et technologiques ? Telle est la mission des Observatoires Prospectifs des Métiers et Qualifications (OPMQ). 

Véritables boussoles pour l’écosystème emploi-formation, ces observatoires apportent des réponses précises et des indicateurs clés. Retour sur les principaux enseignements mis en relief lors de la Matinale prospectiveAtlas, dédiée, le 6 décembre dernier.

Bien comprendre leur rôle

Créés au début des années 2000, les Observatoires soutiennent les branches professionnelles dans l’anticipation des besoins en compétences. Leur rôle va bien au-delà de la simple collecte et analyse de données : ils fournissent aux entreprises et aux territoires des outils pour relever les défis à venir. 

Comment ? En réalisant des études prospectives, des cartographies des métiers, et de nombreuses fiches métiers, qui alimentent des initiatives stratégiques comme la récente étude d’Atlas sur la blockchain ou le numérique responsable. L’objectif de ces travaux est de répondre à une question fondamentale : quelles compétences seront nécessaires dans cinq ou dix ans ?

Blockchain : un métier en forte demande, une certification pour répondre aux besoins

En 2023, une étude OPIIEC (Observatoire des métiers du numérique, de l’ingénierie, du conseil et de l’événement) sur les besoins en compétences, emploi et formation liés à la blockchain en France, au sein de la branche des Bureaux d’Études, a révélé un secteur encore considéré comme de niche, mais présentant un fort potentiel de croissance. 

Les prévisions annoncent une augmentation de 175 % des effectifs d'ici trois ans. Toutefois, ce développement s'accompagne d’une pénurie de compétences et de tensions importantes sur le marché de l’emploi.

Pour répondre à cette urgence, la branche professionnelle a inscrit le métier de Lead Developer Blockchain sur la liste des métiers émergents à suivre en 2024, selon France Compétences. Cette initiative a permis l’enregistrement d’une certification professionnelle, désormais finalisée. 

Les Observatoires, vigie des métiers de demain

Les entreprises trouvent dans les Observatoires des alliés précieux. Anaïs Miloux, Responsable des Ressources Humaines chez Proxym, illustre cet usage : en s'appuyant sur les études et fiches métiers de l'OPIIEC. Elle a collaboré avec Benoît Moreaud, Directeur Associé du cabinet Agile RH, pour élaborer un référentiel des compétences et métiers de son entreprise. Cette démarche a permis d’identifier les lacunes en matière de compétences et d'orienter les formations des collaborateurs de manière ciblée.

Les Observatoires ne se contentent pas d’analyser les besoins des entreprises : ils influencent également directement l’offre de formation. 

En collaboration avec des organismes comme le Docaposte Institute, les données collectées permettent d’ajuster les programmes éducatifs. Vanessa Chocteau, Directrice Générale du Docaposte Institute, confirme : "L’étude sur le numérique responsable a conduit à réviser des parcours pour intégrer des compétences émergentes, comme l’écoconception ou la gestion durable des ressources numériques."

Bénéficier de repères communs sur le long terme

Les données produites par les Observatoires offrent une vision fine et stratégique des réalités sectorielles. Chaque année, l’OEMA (Observatoire de l'évolution des métiers de l'assurance) fournit des analyses régionales sur les besoins en compétences et les métiers émergents. Valérie Le Berre-Defosse, Responsable Emploi et Prospective RH chez Covea, souligne l’importance de cette démarche : "Le dernier baromètre prospectif, consacré à l’intelligence artificielle, nous a permis de bénéficier des analyses d’acteurs externes, comme l’OCDE, le FMI et l’Opco Atlas bien sûr. Ces regards croisés nous aident, en tant qu’acteurs RH, à prendre du recul et à élargir notre perspective sur des enjeux structurants."

Il y a aussi parfois des études thématiques qui débouchent sur de très belles actions paritaires. C'est le cas d'une étude sur la RSE réalisée par l’Observatoire des métiers de la banque. “On avait regardé en quoi la RSE pouvait être un canal d'attractivité sur le secteur, notamment pour les plus jeunes. Et donc, on a fait une étude très documentée.”, indique Béatrice Layan, Responsable de l'Observatoire. À l'issue, l'idée a été de créer une vraie campagne de communication "Devenez banquier” qui a eu un impact très large au niveau national. 

En 2025, les Observatoires prévoient de renforcer leurs travaux sur des thèmes majeurs, tels que l’impact de l’intelligence artificielle sur les métiers ou la cartographie des métiers émergents, en s’appuyant précieusement sur les entreprises qui participent activement aux travaux de génération de données. Leur objectif : fournir aux entreprises et aux acteurs RH des données précises et exploitables pour anticiper les tensions sur le marché de l’emploi et s’adapter aux mutations en cours.